Hülya s’est installée toute jeune à Paris. Elle s’est mariée, a eu une fille, elle écrit des scénarios pour des téléfilms : elle s’est inventé une existence ordinaire, loin des drames, cherchant à oublier son passé. Une vie tranquille sans une mère adulée et excentrique, sans le fantôme d’un père disparu, sans un beau-père, haut fonctionnaire d’un régime haï. Elle a cru qu’elle réussirait à être cette fille amnésique comme sa mère avait la capacité de tenir la réalité loin d’elle. Mais le coup d’Etat du 15 juillet 2016 en Turquie l’oblige à se souvenir malgré elle. Malgré les années, la maladie, le « Trésor national du cinéma turc » continue à vivre dans son rêve, à ne penser qu’à ses rôles, à ce qu’elle incarne au point de vouloir transformer sa mort toute proche en une pièce jouée au Théâtre de la ville d’Istanbul, au point de charger sa fille d’écrire un discours en son honneur pour cette cérémonie funéraire particulière.

Hülya hésite, fulmine et puis se décide : elle écrira l’histoire de cette mère qui l’a si peu été, cette femme soleil et démon, cette inconnue. Elle cherchera la vérité. Au prix de ses certitudes, au prix de cette paix qu’elle avait réussi à instaurer autour d’elle, sans savoir ce qu’elle va trouver ni à quel point cette quête pourra la changer.